Benjamin Harmegnies, quatre mois après son malaise cardiaque: "Je n’ai plus enfilé mon kimono"
Le samedi 28 avril, Benjamin Harmegnies a été victime d’un malaise cardiaque.
- Publié le 13-09-2018 à 20h04
Le samedi 28 avril, Benjamin Harmegnies a été victime d’un malaise cardiaque.
Il est heureux que Benjamin Harmegnies ne soit pas du genre à se laisser abattre. Ainsi, quand on lui demande comment il va, quatre mois et demi après son malaise cardiaque, à Tel Aviv, le Hennuyer répond simplement : "Ça va ! Après le vélo, j’ai maintenant recommencé à courir. Doucement. Pas pour un marathon, n’est-ce pas."
Et encore moins pour reprendre le judo, qu’il a dû arrêter subitement le samedi 28 avril. Un jour dont "Benja" se souvient avec une certaine émotion puisqu’il a frôlé la mort dans le cadre des championnats d’Europe où un malaise cardiaque aurait pu lui être fatal sans le professionnalisme du corps médical.
Flash-back. "Plus ou moins deux heures après mon combat, perdu, face au Bosnien Sadikovic, j’ai ressenti une douleur à la poitrine. Mais elle est passée et je ne me suis pas inquiété. Puis cette douleur est revenue alors que Toma disputait sa finale en -100 kg. J’en ai parlé au doc qui m’a donné un médicament. Il n’avait pas l’air inquiet, mais j’ai compris par la suite qu’il ne voulait pas m’alarmer. Il a sollicité les services de secours israéliens et j’ai passé un électro, lequel a révélé une anomalie. À partir de là, tout s’est emballé. Ils ont appelé l’ambulance et je me suis retrouvé à l’hôpital où on a évoqué une crise cardiaque. J’étais surpris vu les symptômes ressentis. J’ai subi une batterie de tests. Prise de sang, radio, échographie, tout ça en une heure et demi. Puis ce fut l’opération. On m’a placé deux stents (NdlR : dispositif métallique glissé dans l’artère pour la maintenir ouverte) et ce n’est qu’à partir de ce moment que j’ai vraiment réalisé ce qui m’arrivait."
Benjamin Harmegnies a passé cinq jours à l’hôpital.
Puis encore quinze autres jours en Israël avant de pouvoir finalement reprendre l’avion et rentrer en Belgique, auprès des siens. "Suivirent deux mois, mai et juin, de repos complet avant que je puisse un peu bouger. Mais le judo me manque ! Il y a quatre mois et demi que je n’ai plus enfilé mon kimono comme ce fut le cas quotidiennement pendant plus de quinze ans. C’est bizarre… Heureusement, j’ai gardé le contact avec tout le monde. Toma, Sami et les autres. Vous savez, pendant toutes ces années, j’ai passé plus de temps avec eux qu’avec ma propre famille. Alors, oui, il y a comme un vide…"
Et ce vide, Benjamin, 28 ans, le comble en s’investissant dans son boulot à l’École royale militaire, mais aussi dans sa nouvelle maison. "Je l’ai achetée récemment, à Mons, histoire de me rapprocher de ma famille. Et j’ai entrepris de la retaper, à mon aise, avec ma copine. Mais je ne me prends pas la tête. Comme quand on me parle de judo. Pour le moment, je prends des médicaments pour fluidifier le sang. Je ne peux pas prendre de coups… Et j’en ai encore pour huit mois comme ça. Le judo étant un sport de contact, vous imaginez mon avenir. Mais je ne désespère pas de revenir, un jour, sur les tatamis. Tout dépendra de l’avis du médecin. S’il me l’interdit…"
La carrière de Benjamin Harmegnies a sans doute basculé vers le néant ce samedi 28 avril, mais certainement pas sa vie. "J’ai appris à relativiser. Je regrette d’avoir été stoppé dans mon élan, alors que je tournais bien, que je pouvais sérieusement envisager les Jeux de Tokyo."
Mais, là, dans sa situation, l’essentiel n’est plus le sport, mais la santé, la vie !